Page:Anatole France - Vie de Jeanne d’Arc, 1908, tome 1.djvu/72

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

  De cette période datent des travaux d’érudition presque innombrables parmi lesquels il faut signaler ceux de Siméon Luce de qui désormais quiconque traite des commencements de Jeanne doit se reconnaître tributaire[1].

  Nous sommes tenus à une égale reconnaissance envers M. Germain Lefèvre-Pontalis pour ses belles éditions et ses pénétrantes études, d’une érudition élégante et sûre.

  Dans cette période d’exaltation romantique et néo-catholique, la peinture et la sculpture multiplièrent les images de Jeanne, si rares jusque-là ; on vit en merveilleuse abondance Jeanne priant, Jeanne armée et chevauchant, Jeanne captive, Jeanne martyre ; de toutes ces images exprimant de diverses manières et avec des mérites inégaux le goût et le sentiment d’une époque, une seule œuvre apparaît grande et vraie, d’une beauté puissante : la Jeanne d’Arc hallucinée de Rude[2].

  Le mot de patrie n’existait pas au temps de la Pucelle. On disait le royàume de France[3]. Personne, pas même les légistes, n’en savaient au juste les limites, qui changeaient sans cesse. La diversité des lois et des

  1. Jeanne d’Arc à Domremy, op. cit. — La France pendant la guerre de Cent Ans, op. cit.
  2. Lanéry d’Arc, Le livre d’Or de Jeanne d’Arc, n0’2080 à 2112.
  3. A. Thomas, Le mot « Patrie » et Jeanne d’Arc, dans Revue des Idées, 15 juillet 1906.