Page:Anatole France - Vie de Jeanne d’Arc, 1908, tome 1.djvu/84

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sont presque tous suspects à divers égards et soulèvent à chaque instant des objections ; mais je pense qu’en faisant de ces textes un usage prudent et judicieux, on en peut tirer encore des données suffisantes pour constituer une histoire positive de quelque étendue. D’ailleurs, j’ai toujours indiqué mes sources ; chacun sera juge de l’autorité des garants que j’invoque.

  Dans mon récit, j’ai rapporté un assez grand nombre de circonstances qui, sans avoir directement trait à Jeanne, révèlent l’esprit, les mœurs et les croyances du temps ; ces circonstances sont pour la plupart d’ordre religieux. C’est que l’histoire de Jeanne, je ne puis assez le dire, est une histoire religieuse, une histoire de sainte, tout comme celle de Colette de Corbie ou de Catherine de Sienne.

  J’ai beaucoup accordé, j’ai peut-être trop accordé au désir de faire vivre le lecteur au milieu des choses et parmi les hommes du XVe siècle. Pour ne pas le distraire trop brusquement, j’ai évité de lui présenter tout rapprochement avec d’autres époques, bien qu’il m’en vînt un grand nombre à l’esprit.

  J’ai nourri mon texte de la forme et de la substance des textes anciens, mais je n’y ai, autant dire, jamais introduit de citations littérales : je crois que, sans une certaine unité de langage, un livre est illisible, et j’ai voulu être lu.