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Page:Anatole Leroy-Beaulieu - Empire des Tsars, tome 2, Hachette, 1893.djvu/425

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CHAPITRE VII


La pénalité et les châtiments corporels. — Importance des ch&Kments corporels dans l’ancienne législation. — Le knout et les verges. — Leur sappression légale et les dérogations à la loi. — Progrès des mœurs à cet égard. — Ancienneté de l’abolition de la peine de mort. — De quelle maniére la suppression du knout a rendu à la loi sa sincérité. — Comment la mansuétude des lois pénales a pu contribuer à faire recourir à des mesures d’exception. — La pénalité spéciale aux crimes d’État et le droit d’extradition. — Résultats de la suppression de la peine capitale.


Il y a, dans la vie de chaque peuple, des choses que l’étranger s’imagine depuis longtemps connaître, et sur lesquelles il n’a souvent que des préjugés. Il en est ainsi, à plus d’un égard, des lois pénales de la Russie. C’est un thème dont les romanciers de l’Occident se sont de bonne heure emparés, qu’ils ont souvent plutôt obscurci qu’éclairé, et qui est d’autant moins connu qu’il passe pour l’être davantage. Aussi devons-nous accompagner les condamnés au sortir de l’audience et les suivre au lieu de leur châtiment. Notre visite aux tribunaux russes serait incomplète, si nous ne descendions dans les prisons et les bagnes.

Aux yeux du vulgaire, la Russie est toujours le pays du knout. Le knout a été aboli depuis plus d’un demi-siècle ; peu importe, les impressions sont persistantes ; pour le peuple, pour bien des hommes instruits ou des écrivains de l’Occident, la Russie restera longtemps encore l’empire du knout. On s’est habitué à la regarder comme la patrie des supplices barbares. Ainsi qu’il arrive souvent, il y avait dans cette opinion une part de vérité et une part non moindre d’erreur. Comparée aux législations de l’Europe