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Page:Anatole Leroy-Beaulieu - Empire des Tsars, tome 2, Hachette, 1893.djvu/497

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naturellement à ne plus relever que des tribunaux ; si elle n’osait compter sur la suppression des pénalités administratives, elle se flattait du moins de les voir simplifier et adoucir. La mort violente d’Alexandre II a, pour longtemps peut-être, mis fin à cet espoir. Le « provisoire » qui dure depuis une vingtaine d’années peut continuer longtemps encore ; la Russie y est habituée pour bien d’autres choses que la presse. En attendant, le gouvernement d’Alexandre III a jusqu’ici renchéri envers elle sur les défiances et les vexations du règne précédent. Comme le disait dans une de ses mordantes boutades le grand humoriste Chtchédrine : « À quoi bon des lois ? qu’importe aux écrivains d’être étrillés selon les strictes règles de la légalité ? Les journaux ne disent rien, tant mieux ! le bonheur russe s’est toujours édifié en silence, et c’est pour cela qu’il est solide[1]. »



  1. Lettres à ma tante ; Otetch. Zapiski (juillet 1881, cf. les numéros suivants).