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Page:Anatole Leroy-Beaulieu - Empire des Tsars, tome 2, Hachette, 1893.djvu/560

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« Nous déjeunons avec les juifs, disait en 1881, lors des trois jours de pillage de Kief, un homme du peuple, nous dînerons avec les propriétaires et nous souperons avec les popes. » Pour que de telles menaces se réalisent, en telle ou telle région de la Petite ou de la Grande Russie, il pourrait suffire d’une nouvelle suite d’attentats, perfidement attribués aux propriétaires, ou encore des troubles d’une régence. Un peuple accessible aux bruits les plus absurdes, enclin à prendre le premier venu comme un confident de l’autorité souveraine, prêt à se soulever à l’improviste, sur la foi de vagues rumeurs anonymes, ressemble à une mer dont les eaux inconscientes sont à la merci du vent.