Page:Ancelot - Les salons de Paris : foyers éteints.djvu/229

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sont relégués dans les pièces qui entourent le grand salon, puisqu’on s’est arrangé pour avoir un peu plus de monde que l’appartement n’en peut contenir ; il est de première nécessité qu’il y ait quelques invités qui ne puissent pas pénétrer ; cela rend la soirée tout à fait mémorable. Il reste seulement près du piano un très-petit espace où les maîtres de la maison se tiennent et s’agitent autour des personnes les plus considérables ; il y a encore quelques femmes adroites qui sont arrivées juste quand les places commençaient à manquer au salon et qui restent dans les pièces qui précèdent à causer avec les hommes de leur connaissance, à la grande envie et au grand scandale de celles qui sont parquées dans le centre et forcées de prendre leur plaisir en patience… Oh ! si l’on eût condamné cette charmante et spirituelle société d’autrefois, où il se disait tant de bons mots, à s’amuser de cette façon, comme elle se fût révoltée de ne pas pouvoir donner l’essor à son esprit joyeux ! Mais l’esprit, à présent, semble être un ennemi que l’on cherche à prendre au piége ; on le traite comme un habile malfaiteur qu’on redoute de voir s’échapper et qu’on resserre si étroi-