sentir tout le malheur de survivre à ses facultés.
Cependant le ciel lui envoya pour le consoler de l’inévitable fin de cette vie la révélation de la vie qui ne finit pas. Gérard avait vécu insouciant de la religion, mais non pas incrédule ; un jeune poëte italien, le fameux improvisateur Céconi, lui communiqua, dans les derniers jours de sa vie, cette ardente foi d’un Romain convaincu et fervent, et Gérard lui dut de mourir consolé, en croyant à une vie nouvelle et meilleure.
J’ai su depuis par M. Céconi tous les tristes détails de ces derniers moments où l’âme se révèle en entier. N’ayant plus rien à faire avec les intérêts de la terre, elle y échappe pour reprendre sa nature véritable ; elle ne cherche plus à tromper personne ; les idées réelles se montrent, les passions dominantes se font jour, et ce qui fut la vraie condition, le vif intérêt de la vie qui va s’éteindre, apparaît comme la trame de l’étoffe usée qui se déchire.
Eh bien, dans cette dernière lutte de quelques heures entre la vie et la mort, qu’on appelle l’agonie et qui reflète d’ordinaire ce que l’existence eut de plus intime et de plus personnel, Gérard