Page:Andersen - Contes danois, trad. Grégoire et Moland, 1873.djvu/63

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Rudy apprenait ainsi bien des choses. Il se forma, en prêtant une oreille attentive aux récits du vieux sculpteur, un petit savoir que n’avaient point les enfants de son âge. Mais son esprit s’éveilla encore par la fréquentation des animaux qui habitaient le chalet. C’étaient Ajola, le grand chien qui avait appartenu à son père, et un chat que Rudy affectionnait vivement. C’est ce dernier qui lui avait appris à grimper.

« Viens avec moi sur le toit ! » avait dit un jour le matou, et Rudy l’avait fort bien entendu. Lorsqu’on est enfant et qu’on sait à peine parler encore, on comprend à merveille le langage des poules et des canards, des chiens et des chats. Ils nous parlent aussi distinctement que père et mère. On entend même alors hennir la canne du grand-papa, dont on a fait son cheval, et on lui voit une tête, des jambes et une queue. Mais une fois qu’on grandit, cette faculté se perd. Cependant il y a des enfants qui la gardent plus longtemps que d’autres ; on dit de ceux-là qu’ils restent de grands dadais. Mais on dit tant de choses !