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LES CYGNES SAUVAGES.

de frayeur, elle s’assit sur la mousse la plus tendre qu’elle pût rencontrer, récita ses prières du soir et appuya sa tète fatiguée contre le tronc d’un arbre qui paraissait avoir été fendu par la foudre. Un doux et mélancolique silence régnait tout autour d’elle ; ’atmosphère était calme et parfumée, tandis que sur l’herbe et la mousse des milliers de petits vers luisants l’entouraient en projetant incessamment leurs petites étincelles de feu verdâtre. Étendait-elle gracieusement la main pour toucher l’un des verts rameaux qui l’abritaient, les petits insectes flamboyants en retombaient aussitôt sur elle semblables à une pluie d’étoiles filantes.

Elle passa là toute la nuit rêvant à ses frères. Il lui sembla les voir jouer encore tous ensemble aussi gaiement qu’autrefois ; ils écrivaient sur leurs tablettes d’or avec des plumes de diamant, et examinaient ensuite page par page ce précieux album qui avait coûté autrefois la moitié du royaume. Maintenant qu’ils étaient devenus grands et forts, il ne leur arrivait plus jamais de manquer leurs leçons ; et ils racontaient en termes que chacun pou-