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LES CYGNES SAUVAGES.

en une superbe flotte de vaisseaux naviguant au-dessous d’elle. Elle porta alors ses regards de ce côté, et, chose étrange à dire, elle n’aperçut plus que les ondulations agitées du brouillard qui s’élevait au-dessus de la mer et qui passait avec violence à sa surface comme feraient des voiles gonflées et poussées par le vent. Elle avait là devant les yeux un spectacle d’une perpétuelle mobilité. Une image en chassait une autre, jusqu’au moment où elle aperçut enfin en réalité la terre où elle et ses frères avaient l’intention de se rendre. Alors en effet d’admirables rangées de montagnes bleuâtres avec leurs forêts de cèdres, leurs tours, leurs châteaux élevèrent à ses yeux leurs gracieux contours. Longtemps avant le coucher du soleil Elfride était assise sur un rocher placé à l’entrée d’une grande caverne toute tapissée à l’intérieur de plantes grimpantes, si tendres, si vertes, qu’on eût pu croire que la main toute-puissante de la nature s’était complu à enduire les parois de cette caverne de tapisseries aux plus riches dessins.

« Nous verrons de quoi vous rêverez cette