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LES CYGNES SAUVAGES.

toute sa splendeur, sa beauté parut si merveilleuse que les courtisans s’inclinèrent à l’envi encore plus profondément, et que le roi la choisit tout de suite pour sa fiancée. Seul son chancelier secouait la tête d’un air tout pensif, et il disait bien bas à ses amis que cette aimable fille des bois n’était très-certainement qu’une sorcière qui avait ébloui les yeux du prince et jeté un maléfice sur son cœur.

Mais le roi fit la sourde oreille à toutes ses représentations. Il ordonna que la musique retentît plus bruyante que jamais, fit servir sur sa table les mets les plus délicieux et voulut qu’on préparât tout pour des réjouissances bien plus grandes encore.

On conduisit Elfride à travers des jardins pleins de fleurs odorantes, dans de magnifiques salles où des jeunes filles, toutes remarquables par leur grâce et leur amabilité, l’entourèrent en exécutant les danses les plus joyeuses. Mais pas un sourire n’échappait de ses lèvres, pas un éclair de joie ne brillait dans ses yeux ; tout au contraire, chacun de ses regards et de ses gestes témoignait du chagrin le plus