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Page:Andersen - Nouveaux Contes, trad. Soldi.djvu/228

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Ses compagnons firent une provision de bluets et de coquelicots. Ils les tressèrent en couronnes et s’en couvrirent la tête et les bras ; mais les plus grands coupaient avec précaution les tiges de pissenlits surmontées d’une touffe de duvet fin et soyeux, frêle soutien de la semence que le moindre vent emporte, et véritable chef-d’œuvre de délicatesse. Les enfants approchaient ces touffes de leurs lèvres, et, en soufflant dessus, ils cherchaient à faire envoler d’un seul coup dans l’air tout le faisceau des graines. Leur grand’mère leur avait dit que, s’ils réussissaient, ils auraient, avant la fin de l’année, de beaux habits neufs.

La fleur méprisée était, dans cette circonstance, considérée comme un véritable prophète.

— Vois, dirent les rayons de soleil, comprends-tu maintenant sa beauté, comprends-tu ce qu’elle vaut ?

— Oui, pour les enfants, répondit la branche de pommier.

Une vieille femme survint. Elle se mit à cueillir des pissenlits avec leurs racines, et en fit de gros paquets. Une partie de sa récolte était destinée à lui servir de café ; le reste devait être vendu à l’apothicaire.

— La beauté a un rôle plus glorieux, des destinées plus hautes, dit la branche : c’est à elle qu’appartient toujours le premier rang.

Ce fut en vain que les rayons du soleil insistèrent sur la bonté infinie de Dieu qui s’étend à toutes les créatures, en faisant entre elles une égale répartition de ses dons dans ce monde et dans l’éternité.

— Chacun son avis, répondit la branche.

Cependant la charmante fille de la comtesse entra