Page:Andler - Nietzsche, sa vie et sa pensée, II.djvu/67

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
CHAPITRE II


L’UNIVERSITÉ. — L’INFLUENCE DE RITSCHL


I


BONN (1864-1865)



Nietzsche sortit du gymnase enrichi de quelques amitiés précieuses, mais possédé d’un immense besoin d’affranchissement.

Je songe, écrira-t-il moins d’un an après au jeune Silésien Carl — von Gersdorff, qu’aujourd’hui nos camarades de Pforta rentrent dans leurs murailles. Pauvres gens qui, avec des frissons de froid au cœur, descendent, pour la première fois, dans l’oratoire repeint de neuf et si rébarbatif[1].

La brusquerie de ses réactions nerveuses le menait souvent ainsi aux limites de l’ingratitude. Il résolut d’ajourner son volontariat d’un an pour goûter sa liberté[2]. Il passa avec ses camarades les plus chers les premières vacances qui le séparaient de l’Université. Sa folle et fantaisiste humeur durant ces mois témoigne d’une exubérance longtemps comprimée. Son ami Paul Deussen vient à Naumburg passer quelques jours auprès de la mère et de cette jeune sœur de Nietzsche, Lisbeth, âgée de dix-sept ans maintenant, et qui, « dans son plus gra-

  1. Corr., I, 21.
  2. Corr., V, 101.