Aller au contenu

Page:André Léo - Les Enfants de France, 1890.djvu/10

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quelque dix ans au plus, ce que l’humanité entière a mis des centaines de siècles à trouver ; sans quoi, ignorant comme l’était alors ton ancêtre, le pauvre peuple, tu irais comme lui de chute en chute dans la nuit, méprisé, trompé, misérable. Ce qui tue les peuples, mon enfant, c’est l’ignorance, et l’imbécillité qu’elle entraîne. Ce qui les sauve, c’est l’instruction, et les énergies qu’elle soulève. Tu verras cela dans l’histoire. Tu y verras que nos pères, les gens du peuple de France, ont souffert dans l’ignorance, autrement dit dans la servitude, des maux sans nom.

Mais ne crains rien ! C’est d’une table d’étude, et paisiblement assis, que tu vas contempler les douleurs, les âpres luttes, au prix desquelles tes ancêtres ont procuré ce que tu possèdes actuellement de sécurité. Mille découvertes sont là sous tes yeux, toutes chèrement obtenues ; mais pour toi il ne s’agit plus que d’en prendre connaissance. En quelques heures, tes livres et tes professeurs te donneront le fruit de longues vies successives, consacrées par des hommes d’élite à la recherche de la vérité sous toutes ses formes. C’est pour toi et tes compagnons, pour les humains futurs, que ces grands, presque tous austères et pauvres, ont souffert, travaillé, se sont donnés eux-mêmes. Tu les aimeras, n’est-ce pas ? Tu béniras les studieux