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Page:André Léo - Les Enfants de France, 1890.djvu/9

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et toutes ces intimités, et ces harmonies du lieu natal, qui fournissent à l’enfant ses premières impressions de l’être et de la nature.

S'il est né à la ville, ce sera la rue et ses bruits et voix diverses ; le parterre ou jardin public où il va rouler son cerceau, creuser le sable de sa petite pelle ; où il fraternise avec le moineau, fait connaissance avec les plantes de lointains pays, ébauche ses premières amitiés, reçoit ses premières leçons de vie sociale, s’alimente enfin de vie humaine ; et toujours 4 cet âge, d'une large et vague poésie des choses ; car tout apparaît frais et charmant dans le miroir tout neuf de ces yeux naïfs.

Jusque-là, il a marché à la main de sa mère, porté, soutenu, conduit. Arrivé au seuil de l’école, subitement son existence s’élargit. Désormais, il va marcher seul, non pas comme un homme encore, mais comme un apprenti homme. Le voici dans la foule de ses contemporains, personnages de six 4 dix ans, parmi lesquels il s’avancera dans la vie ; les futurs hommes, ceux qui dans une quinzaine d’années feront a leur tour les destinées de la nation et leur part d’histoire humaine.

Grande tâche, mes enfants ! qui pour n’être pas faite misérablement veut des ouvriers de cœur et de savoir. Il te faut désormais, petit garçon, petite fille, apprendre et connaître, en