Page:Andreïev - Les Sept Pendus (Trad. Serge Persky), 1911.djvu/103

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Et la prison continue à vivre sa vie spéciale, aveugle, vigilante comme une inquiétude perpétuelle. On marche. On chuchote. Un fusil résonne. Il semble que quelqu’un crie. Est-ce vérité ou hallucination ?

Le guichet de la porte s’abaisse sans qu’on l’entende. Dans l’ouverture noire apparaît une sinistre figure barbue. Longtemps, des yeux écarquillés contemplent avec étonnement Moussia endormie ; puis la figure disparaît comme elle est venue.

Le carillon sonne et chante, longuement. On dirait que les heures fatiguées gravissent vers minuit une haute montagne ; l’ascension est de plus en plus pénible. Elles glissent, retombent en arrière en gémissant et se remettent à monter péniblement vers le noir sommet.

On marche. On chuchote. Déjà, on attelle les chevaux à la sombre voiture dépourvue de lanterne.