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VIII

LA MORT EXISTE ET LA VIE AUSSI


Serge Golovine ne pensait jamais à la mort, chose à ses yeux accessoire et étrangère. Il était robuste, doué de cette sérénité dans la joie de vivre qui fait que toutes les pensées mauvaises ou funestes à la vie disparaissent rapidement, et laissent l’organisme indemne. De même que, chez lui, les égratignures se cicatrisaient Vite, de même tout ce qui blessait son âme était immédiatement anéanti. Il apportait dans tous ses actes, dans ses plaisirs et dans la préparation d’un crime, la même gravité heureuse et tranquille : dans la vie, tout était gai, tout