Page:Andreïev - Les Sept Pendus (Trad. Serge Persky), 1911.djvu/158

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son prenaient la cigarette, comment s’enflammait l’allumette et comment de sa bouche sortait une petite fumée bleuâtre.

— Merci, dit Ianson. C’est bon.

— Que c’est drôle ! dit Serge.

— Qu’est-ce qui est drôle ? demanda Werner.

— La cigarette, répondit Serge, qui ne voulait pas dire toute sa pensée.

Ianson tenait la cigarette entre ses doigts vivants et pâles. Avec étonnement, il la regardait. Et tous fixaient leur regard sur ce petit bout de papier, sur cette spirale de fumée sortant de la cendre grise.

La cigarette s’éteignit.

— Elle s’est éteinte, dit Tania.

— Oui, elle s’est éteinte.

— Que le diable l’emporte ! dit Werner, regardant avec inquiétude Ianson dont la main tenant la cigarette pendait, comme morte.

Soudain, le Tzigane se tourna, pencha son visage tout près de celui de Werner et, le regardant dans le blanc des yeux, chuchota :