Page:Andreïev - Les Sept Pendus (Trad. Serge Persky), 1911.djvu/54

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plice lui-même et les rendait ridicules. Et il sembla au vieux gardien qui avait passé toute son existence en prison et considérait les lois de la geôle comme celles de la nature, que la prison et la vie tout entière étaient une sorte d’asile de fous dont lui, le surveillant, était le plus grand.

— Que le diable t’emporte ! fit-il en crachant à terre. Pourquoi montres-tu les dents ? Tu n’es pas au cabaret ici !

— Et moi, je ne veux pas ! Ha ! ha ! ha !

Ianson riait toujours.

— Satan ! répliqua le surveillant, en faisant un signe de croix.

Pendant toute la soirée, Ianson fut calme, joyeux même. Il répétait sans se lasser : « Il ne faut pas me pendre », et cette phrase était si convaincante, si irréfutable qu’il n’avait à s’inquiéter de rien. Depuis longtemps, il avait oublié son crime ; parfois seulement, il regrettait de n’avoir pas réussi à violer la femme. Bientôt il n’y pensa plus.

Chaque matin, Ianson demandait quand il