sur le seuil à observer la route d’un bout à l’autre, personne ne pensait plus à le taquiner ou à lui lancer des pierres.
Mais cette fierté et cette indépendance ne lui venaient que dans la solitude. Au fond de son cœur, la peur ne s’était pas encore tout à fait évaporée et chaque fois qu’il voyait quelqu’un s’approcher de lui, il perdait la tête, s’attendait à recevoir des coups. Longtemps encore, il lui semblait que chaque caresse était une surprise, un miracle auquel il ne pouvait répondre. Il ne savait pas rendre cajolerie pour cajolerie. D’autres chiens sont habiles à se dresser sur leurs pattes de derrière, à se frotter contre les gens et même à sourire, Koussaka ne savait pas.
La seule chose en son pouvoir était de se coucher sur le dos, et, les yeux clos, de japper doucement. Mais c’était trop peu pour exprimer son ravissement, sa reconnaissance et son amour. Et par une inspiration soudaine, Koussaka se mit à imiter ce qu’il avait peut-être vu faire jadis à ses congénères, mais qu’il avait oublié depuis longtemps. Il culbutait drôlement, sautait avec gaucherie, tournait sur lui-même ; et son corps d’ordi-