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il est soudain redevenu doux… mais d’une douceur que tu ne t’imagines pas… Et il m’a donné des baisers… des vrais baisers…

« Qu’est-ce qui a dû se passer alors dans sa cervelle de singe ? Je n’en sais rien.

« Sans doute a-t-il eu peur ?… Ce qu’il y a de certain, c’est qu’il s’est sauvé en sautant par la fenêtre.

« Je ne m’en suis pas aperçue… J’étais évanouie… c’est quand je suis revenue à moi que je me suis rendu compte de sa disparition.

« Je l’ai appelé d’abord : « Loulou ! Loulou ! » Je lui donnais des petits noms d’amitié comme une maîtresse à son amant

— Oui, tu l’appelais ta cocotte en sucre… ton bébé rose… ton chou mignon… Ton loup en or !

— Absolument !… Mais il ne répondait pas.

— Et pour cause… puisqu’il était parti !

— Je le sais… Il est venu rôder de ce côté, car les agents qui le pourchassaient sont montés me demander si je l’avais vu.

— Les agents le pourchassaient ?

— Dame ! Un singe ne peut pas se promener comme ça tout seul dans les rues… sans qu’on l’envoie à la fourrière…

— À la fourrière… Loulou… non ce n’est pas possible… Mais je ne veux pas, moi !… Je ne veux pas !

« D’abord il faut que Gustave me le donne complètement !…

— Sais-tu seulement si Gustave l’a retrouvé. S’il a fait comme Bijou dont personne n’a plus jamais entendu parler.

— Il ne s’agit pas de Bijou, qui était un petit singe de rien du tout… mais de Loulou… Vois-tu, à présent, je ne pourrais plus me passer de lui. C’est fini !…

Gisèle se retenait à quatre pour ne pas révéler la vérité à son amie. Pourtant, elle ne le fit pas, dans la crainte de mécontenter Gustave. Elle lui demanda ironiquement :

— Alors, vraiment… tu préfères ton Loulou à un homme. je n’aurais jamais cru cela.

— Peuh !… Les hommes ne savent pas aimer de cette façon-là… Je te conseille d’y goûter et tu verras !

— Tu me prêterais ton chimpanzé pour cela.

— Tu es folle !… Te prêter Loulou !… Ah non ! par exemple… Celui-là est à moi… je te défends d’y toucher !