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— Ne sois pas jalouse… je ne te le disputerai pas… Moi, je n’ai pas de caprice pour les singes.

— Parce que tu ne sais pas ce que c’est… Je te plains !

Au fond Gisèle s’amusait beaucoup…

— C’est malheureux que je ne puisse pas lui dire ce qu’il en est. Elle serait rudement vexée tout de même !

On comprend qu’il fallut à la maîtresse de Gustave un grand courage pour résister au plaisir de vexer sa meilleure amie.

Elle eut ce courage si rare chez une femme.

Les circonstances d’ailleurs l’y aidèrent, car si les deux amies étaient encore restées seules longtemps, il est fort probable que Gisèle eût fini par dévoiler la supercherie de Gaston.

Mais Gaston lui-même, accompagné de Gustave, survint pour la tirer d’embarras.

Les deux jeunes gens furent surpris de trouver là Amélie.

Gaston était quelque peu gêné, et ne savait pas trop quelle contenance tenir. Il avait bien tort d’ailleurs, car sa maîtresse n’eut même pas l’air de le voir. Ce jeune homme, qui lui faisait pourtant la cour, était loin de ses pensées. Elle le salua courtoisement, mais c’est vers Gustave qu’elle courut tout de suite :

— Et Loulou, lui dit-elle… Avez-vous retrouvé Loulou ?

— Oui, je l’ai retrouvé.

— Ah ! soupira la jeune femme. Comme cette parole me rend heureuse ! Vous ne vous l’imaginez pas.

— Je ne sais pas ce que vous lui avez fait, ajouta le jeune étudiant, mais il est rentré très malade chez moi, et il devra garder le lit pendant deux jours, ordre du médecin.

— Oh ! Vraiment ? fit Amélie… Votre médecin est-il bon au moins ?

— Soyez sans inquiétudes. C’est un spécialiste pour les singes.

— Menez-moi vite le voir, ce pauvre chéri.

— C’est défendu par la Faculté ! On ne doit pas l’exciter.

— Vous me donnerez des nouvelles. Je ne vais pas vivre pendant ces deux jours.

— Mâtin ! Quel attachement vous avez pour mon singe…

— Ne dites pas « mon singe ». Je le voudrais pour moi seule… Combien demandez-vous pour me le céder ?