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Amélie fixa ses yeux dans ceux de son interlocutrice ; son regard avait une lueur étrange.

— Tu me le demandes ? Voyons, tu n’as donc jamais entendu raconter qu’en Afrique il y avait des singes qui enlevaient les négresses.

— Si…

— Eh bien ! Je voudrais être à leur place.

— Aux négresses ?

— Oui. À la place des négresses, parfaitement. Combien je serais heureuse, tu ne te l’imagines pas…

— Tu es folle !… Tu voudrais un singe pour…

— Oui, pour… comme tu le dis !…

Gisèle était stupéfaite. Elle considérait avec étonnement son amie qui continuait à prodiguer des baisers et des caresses au jeune singe, lequel ne bougeait plus et semblait goûter, lui aussi, un grand plaisir.

Amélie reprit :

— C’est un désir que j’ai depuis longtemps. Quelle sensation on doit éprouver, hein ! Il me semble qu’on rentre un peu dans l’animalité… Ça doit rudement changer des hommes !…

— Tu as des goûts bizarres.

— Tu sais : Alfred avec ses soixante-cinq ans ou un jeune chimpanzé !… J’aimerais encore mieux le chimpanzé ! La dernière fois que j’en ai vu un, dans une ménagerie, j’ai été à deux doigts de demander au patron de m’enfermer dans sa cage avec lui, pour voir ce que le singe ferait… s’il oserait se jeter sur moi.

— Au besoin même tu l’aurais aidé, s’il avait été trop maladroit.

— Peut-être ! C’est égal, je voudrais avoir un jour cette satisfaction-là !

— C’est amusant ! Je vois Alfred t’achetant un chimpanzé pour que tu le trompes… Ça ne serait pas banal !

— Justement ! J’adore tout ce qui n’est pas banal !

— Enfin ! C’est ton idée. Moi, ça ne me dirait rien, non, vraiment, rien du tout. Bijou, je l’aime bien, comme un petit chien ou un petit chat, pour m’amuser avec… ça s’arrête là !…