Page:Andre-Chermy-Amour de Singe-1924.djvu/8

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
— 6 —

— Tu devrais me le prêter tout de même, pour une nuit seulement. Je te le rapporterais demain.

— Tu n’y penses pas. D’abord, qu’est-ce que dirait Maurice, s’il ne voyait plus son singe ici ?

— Que veux-tu qu’il dise ? Tu peux bien me prêter ton singe, pour vingt-quatre heures. Je ne te l’abîmerai pas !

— Je n’en sais rien. Avec tes idées…

— Je ne veux pas lui faire de mal. Je veux le caresser, l’embrasser, le coucher avec moi.

— Peuh ! Il sent fort !

— Ça m’est égal. J’aime son odeur. Quand je vais au Jardin des Plantes (j’y vais exprès d’ailleurs), je reste des heures devant la cage aux singes. Je me figure qu’ils sont amoureux de moi.

— Tu les excites, les pauvres bêtes !

— J’en ai connu un qui accourait tout de suite, dès qu’il me voyait. Il me faisait des signes du plus loin qu’il m’apercevait.

— Mais si je te prête Bijou, tu vas me le fatiguer.

— Oh ! Un tout petit peu seulement ! Regarde comme il se trouve bien avec moi.

Et Amélie se mit à parler au singe :

— N’est-ce pas, Monsieur Bijou, que vous voulez bien venir avec moi ! Vous verrez comme je vous caresserai, petit amour !…

Gisèle haussa les épaules, puis elle dit :

— Après tout, passe ton envie. Emmène-le… pour une fois !

Et Gisèle consentit à prêter Bijou à Amélie, qui emporta le petit animal, en le cajolant et en le couvrant de baisers.

Comme la jeune femme sortait de chez son amie, elle croisa sur le seuil de la maison Gustave, l’amant de cœur de Gisèle.

Le jeune étudiant était accompagné d’un camarade, Gaston, lequel avait déjà rencontré Amélie et convoitait la jolie brune, dont il aurait volontiers apaisé les ardeurs amoureuses.

Les deux jeunes gens s’arrêtèrent pour saluer l’amie de Gisèle.