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Page:Andre-Chermy-La-Chair-est-faible-1926.djvu/5

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— Non, avait-il répondu, je n’ai besoin de rien.

— C’est bien. Alors, il ne me reste plus qu’à souhaiter à Monsieur une bonne nuit.

Et la soubrette se retira.

À peine avait-elle refermé la porte sur elle qu’Anatole Delaperche se précipita vers sa malle, en sortit un épais rouleau de papier, sur lequel était dactylographié son discours et s’écria :

— Et maintenant, à nous deux… Isidore Tranchard !

Il toussa trois fois, étudia la position en se plaçant devant la glace de l’armoire et commença :

Messieurs et très honorés collègues,

Au nom du ministre, qui regrettera éternellement que les devoirs de sa charge le retiennent loin de nous… en ce beau jour

Il ne poursuivit pas plus avant. De la chambre contiguë à la sienne, un bruit soudain lui était parvenu. Il pensa :

— Ce n’est rien ! C’est un locataire qui rentre !…

Le locataire rentrait, en effet. Et, bientôt rassuré, Anatole Delaperche reprenait le fil de son discours :

Je suis heureux de saluer en vous l’élite

Mais une seconde fois il s’arrêta. De la chambre contigüe toujours, parvenait un bruit de voix… et l’orateur officiel n’eut pas de peine à reconnaître que cette voix était celle d’une femme qui chantait (oh ! horreur !) La trompette en bois.

Ah ! dis, chéri ! Ah ! Joue-moi-z’en !

Anatole Delaperche était atterré. Ainsi, c’était cela,