Aller au contenu

Page:Andre-Chermy-La-Chair-est-faible-1926.djvu/7

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
— 5 —

Le papier à la main, il déclamait :

La République…

Et l’écho de la chambre voisine lui renvoyait :

Elle est en bois !

Mais alors c’était une voix masculine qui parlait, une voix masculine à laquelle un timbre féminin répondit bientôt :

— Oh ! penses-tu qu’elle est en bois !… Je vois bien que non, moi !

Il ne s’agissait évidemment pas de la République, peut-être même pas de la trompette. Anatole n’eut, d’ailleurs, pas le temps de s’en inquiéter, car, bientôt, il n’était plus question de trompette du tout et les paroles dont l’écho parvenait aux oreilles du chef de bureau étaient autrement significatives.

Ce n’était, il est vrai que des exclamations et des cris : « Ah ! mon chéri ! mon chéri ! Ô Gustave !… Gustave !… » Mais ces cris suffirent pour mettre le comble à l’indignation d’Anatole Delaperche, qui sauta en bas de son lit et s’écria :

— C’est dégoûtant ! dégoûtant l… Je vais leur apprendre, moi, à se tenir convenablement.

D’un pas résolu, il se dirigea vers la chambre voisine et heurta la porte violemment.

Il crut entendre un éclat de rire féminin.

Comme on tardait à lui ouvrir, il frappa derechef.

— Voilà ! Voilà | répondit la voix masculine. Que voulez-vous à cette heure indue ?

— Ouvrez ! Ouvrez tout de suite ! cria Anatole Delaperche.

Il ne perçut plus alors que les pas lourds du locataire