Aller au contenu

Page:Andre-Chermy-La-Chair-est-faible-1926.djvu/8

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
— 6 —

de la chambre qui venait tirer le verrou, et, quelques secondes plus tard, l’huis s’ouvrait tout grand.

Le chef de bureau resta pétrifé à la vue du personnage qui se dressait devant lui et qui n’était autre que le vénérable abbé entrevu à la table d’hôte.

Tout de même était-il possible que ce respectable ecclésiastique se livrât dans cette chambre d’hôtel à de bruyants ébats amoureux en compagnie d’une personne inconnue ?…

Anatole Delaperche cependant n’avait pas la berlue, il avait bien entendu.

— Monsieur l’abbé, dit-il, je regrette infiniment de vous déranger, mais les cloisons qui séparent les chambres sont minces, et j’aime mieux vous dire que l’on entend tout au travers,

— Vraiment ? fit le prêtre en marquant le plus grand étonnement ?… Qu’avez-vous donc entendu ?…

— J’ai entendu… J’ai entendu… enfin, vous le supposez bien.

— J’ignore ce que vous voulez dire. Je me suis endormi en lisant mon bréviaire et je vous avoue qu’aucun bruit insolite n’est parvenu à mes oreilles.

— Votre bréviaire ! Vous lisiez votre bréviaire !… s’écria courroucé le représentant du ministre. À d’autres !

Et il se dirigea vers le lit, précipitant à terre l’édredon, relevant draps et couvertures.

Mais le lit était vide, contrairement à l’attente d’Anatole.

— Que faites-vous ? demandait l’abbé.

L’autre ne répondit pas. Il avait bondi vers la porte d’un placard qu’il ouvrait.

Mais il n’y avait dans le placard que le chapeau et la soutane du curé.