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Page:Andre-Chermy-La-Chair-est-faible-1926.djvu/9

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Le chef de bureau ne voulait pas s’avouer vaincu. Il s’était mis à plat ventre et son regard scrutait l’étroit espace qui séparait le lit du plancher… vainement d’ailleurs, car, pas plus que dans le placard, une femme ne s’y cachait.

— À la fin, cher monsieur, je me demande ce que vous cherchez ! fit l’abbé.

Et il ajouta, à mi-voix, comme se parlant à lui-même :

— Cet homme est fou !…

Si bas que ces mots eussent été prononcés, ils avaient été entendus d’Anatole Delaperche, qui se releva aussitôt.

— Non, dit-il, non, je ne suis pas fou ! Et je croyais bien que c’était de cette chambre que venaient les chants et les cris qui m’importunaient tout à l’heure.

— Qu’allez-vous prétendre ? Je vous affirme que je lisais mon bréviaire… Vous pouvez le voir encore ouvert sur la table de nuit…

Évidemment, le prêtre devait avoir raison.

Il ne restait plus à Anatole qu’un parti à prendre, s’excuser, ce qu’il fit, tout penaud d’avoir osé suspecter un honorable abbé.

Celui-ci le reconduisit jusque sur le seuil de sa chambre.

— Sans doute, lui dit-il, ces bruits proviennent-ils d’une autre pièce. Écoutons un peu, si vous le voulez…

Voyons… ce n’est pas la chambre à droite de la mienne… ni celle d’en face.

Tous deux allèrent coller leur oreille aux portes donnant sur le palier, mais aucun écho du Trompette en bois ne parvint jusqu’à eux…

— Peut-être avez-vous eu une hallucination, cher monsieur, dit l’abbé. Le mieux est d’aller vous recoucher…