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Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/102

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prononce que les hommes, qui vivoient avant le Déluge, n’étoient ni plus forts ni plus robustes que ceux d’à present ; & quand ensuite il est question, pour relever les vertus de l’eau, de montrer que l’eau est ce qui contribuë le plus à la santé & à la force, il avance, sans balancer, que dans ces tems où l’on ne bûvoit que de l’eau, les hommes étoient des prodiges de santé, en comparaison des hommes d’aujourd’hui, & que jamais les corps ne furent si puissans & si robustes qu’alors. Jusques-là même qu’il ne fait pas difficulté de décider que les enfans qui naissent aujourd’hui, ne sont plus que des ébauches de corps, en comparaison de ceux d’autre-fois.

C’est être tout ensemble de deux sentimens opposez ; mais voici une difficulté à quoi l’Auteur n’a pas pris garde, sans doute : quand même les productions de la terre ne seroient pas devenuës moins saines & moins nourrissantes depuis le Déluge, il faudroit, pour qu’elles fussent aujourd’hui aussi propres qu’autre-fois à la nourriture de l’homme ; que l’homme de son côté fût aussi en état qu’autre-fois, de les digerer parfaitement : or sans prétendre que la nature se soit affoiblie à l’égard de l’homme, puisque nôtre Auteur ne le veut pas ; on peut lui