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Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/105

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hommes ont fait les leurs pendant des siécles. Mais comment des hommes, tels que l’Auteur nous dépeint ceux qui vivoient avant le Déluge[1], des hommes pétris, pour ainsi dire, d’un autre limon ; des hommes sortis de germes plus forts, de germes travaillez à part, & pourvûs de fibres fabriquées tout exprés pour durer des huit & des neuf cens ans : comment des hommes de cette sorte, si la digestion dépend uniquement de la force des solides, n’auroient-ils pas dû digerer plus parfaitement que nous, qui venons de germes foibles, dont les fibres n’ont pas reçû du Créateur la même force ? Mais sans nous embarrasser davantage de tous les raisonnemens de nôtre Auteur, lesquels ne paroissent fondez que sur des imaginations de cabinet, avoüons que le premier Homme, sorti immédiatement des mains de Dieu, devoit avoir un corps plus sain & plus fort qu’aucun des nôtres, qui apportent en naissant tant d’infirmitez hereditaires ; ainsi que nôtre Auteur en convient lui-même, lorsqu’il dit que les enfans qui naissent aujourd’hui, partageant les vices des peres, ne sont plus que des ébauches de corps. S’il est donc vrai que le premier Homme, & ses premiers descendans par consequent, qui étoient trop prés de leur source, pour

  1. Pag. 52. de la 1e. édit. & p. 89. de la 2e. to. 1.