Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/109

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mes proprement dits, aprés quoi nous viendrons aux grains non legumes.

C’est quelque chose de singulier, que les éloges qu’on donne aux legumes, dans le Traité des Dispenses, pour élever ces alimens au dessus de la viande. Les féves, les pois, les lentilles, les haricots, y sont vantez comme les nourritures du monde les plus legeres. Rien n’est plus soûmis à l’action de l’estomac, ni plus capable de se tourner en ce suc laiteux, qui fait le sang ; rien ne séjourne moins, rien ne fermente moins ; enfin on ne sçauroit trouver une plus parfaite nourriture. Voilà comment on nous parle des legumes dans le Traité des Dispenses du Carême. Mais si nous consultons l’experience, nous trouverons que cet aliment, loin d’être si facile à digerer, ne convient qu’aux plus forts estomacs, & qu’il n’y a guéres que les gens de la campagne, & les Ouvriers, qui en puissent faire impunément leur nourriture ordinaire : il faut entrer dans le détail, commençons par les Fèves.

La Feve est une graine longue, de médiocre grosseur, portée par une plante de même nom, laquelle pousse des tiges de deux à trois pieds de haut : ces tiges sont creuses & quarrées ; il en sort des feüilles grasses, charnuës, un peu longues, rangées par paires sur une