Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/115

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retenuë ; & qu’on attribue ceux qui fatiguent les malades, à des matieres grossieres, crasses, & visqueuses ? Etrange idée qu’on se fait, de l’œconomie du corps humain ! Peut-on dans une machine où tout se passe avec tant de finesse, de dignité & d’industrie, avoir recours à un tas de crasse & de viscositez. »

L’idée sera aussi étrange qu’il plaira à nôtre Auteur ; mais toûjours il faut convenir de cette maxime d’Hippocrate, que lorsqu’un aliment est de nature à se digerer facilement dans l’estomac, il ne cause ni vents ni colique ; que si au contraire il est tel que l’estomac ne puisse le dissoudre, & le changer qu’à peine, il ne faut alors attendre de cet aliment, que des gonflemens & des douleurs de ventre[1]. Cela supposé, il est facile de comprendre qu’une nourriture trop grossiere & trop terrestre, aïant toutes les mauvaises qualitez qu’il faut pour resister à la digestion, pourra, sans qu’il y ait rien d’extraordinaire, causer les maux que nous disons. Etrange idée qu’on se fait de l’œconomie du corps humain, s’écrie l’Anonyme, on attribue les vents qui fatiguent les malades à des

  1. ὅσα μὲν ἡ κοιλίη κρατέει καὶ τὸ σῶμα αὐτὰ ἀναδέχεται, ταῦτα μὲν οὔτε φῦσαν παρέχεται, οὔτε στρόφον ἢν δὲ μὴ ἡ κοιλίη κρατέῃ, ἀπὸ τούτων καὶ φῦσα, καὶ στρόφος, καὶ τ’ ἄλλα τὰ τοιαῦτα γίνεται. Hipp. de affect.