Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/116

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matieres grossieres, crasses & visqueuses. Peut-on dans une machine où tout se passe avec tant de finesse, de dignité & d’industrie, avoir recours à un tas de crasse & de viscositez ? Mais, où cet Auteur a-t-il appris que dans l’état de maladie, les choses se passent avec tant d’ordre & de dignité ? C’est pendant la santé que cet ordre & cette dignité se font admirer ; mais qu’il faille les supposer dans le desordre & le tumulte de la maladie, le paradoxe est nouveau. Quant à ce que l’Anonyme avance un peu auparavant ; sçavoir, que ceux qui vivent des alimens les plus grossiers, sont moins sujets que les autres aux vents & aux coliques, il se trompe encore, n’y aïant guéres de gens plus sujets à ces sortes de maux que les Manœuvres & les Païsans, jusques-là même qu’on peut dire que ce sont comme leurs maladies familieres ; on remarque sur tout que les Paveurs sont de tems en tems attaquez de coliques horribles ; or il n’y a pas de gens qui vivent plus grossierement que ceux-là. Mais voici, selon l’Anonyme, un fait décisif, en faveur des féves. On sçait par experience, dit-il[1], & il cite là-dessus Mundius pour son garand, que « la disette aïant obligé des familles entieres à vivre de fèves, pauvrement apprêtées, on n’en remarqua d’autre in-

  1. Pag. 54. de la 1e. édit. & p. 93. de la 2e. to. 1.