Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/119

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de regle ? Un aliment ne nourrit qu’autant qu’il se digere : or la féve se digere-t-elle aussi facilement dans l’estomac d’un homme de Lettres, par exemple, que dans celui d’un Forgeron ? Il n’est pas étonnant, au reste, que l’Anonyme qui a supposé comme une maxime incontestable, que ce qui engraisse le cheval & le bœuf, doit aussi engraisser l’homme, puisse s’imaginer que ce qui nourrit le Forgeron, soit une nourriture convenable à tout le monde.

Nous ne quitterons point cet Article sans remarquer que nôtre Auteur trouve dans le nom Latin de la Féve[1], une marque incontestable de l’ancienne noblesse de ce legume, & du cas qu’on en a fait dans l’Antiquité la plus éloignée. Faba, dit-il, approche de Faga, qui vient de φαγεῖν manger. Cette étymologie, qu’il croit indubitable, parce qu’elle est dans les Origines d’Isidore, lui paroît une des bonnes preuves qu’on puisse apporter, pour montrer que la féve merite rang parmi les meilleures nourritures[2] ; mais cela

  1. Pag. 53. de la 1. édit. & p. 92. de la 2. tom. 1.
  2. Voici ses propres paroles. Pour commencer par les legumes les plus vulgaires, il n’en est point qui ne soient, tout à la fois, trés-sains & trés-nourrissans. Les féves, par exemple, si décriées aujourd’hui, jusqu’à n’être plus que le rebut du beau monde, furent autrefois en honneur, leur nom même fait encore preuve