Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/148

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digerer, en y mêlant un peu de safran ; & c’est ce qui se pratique en plusieurs Provinces, où l’on ne mange presque jamais le ris que safrané. Au reste, quoique le ris ne soit pas aussi capable d’engraisser qu’on se l’imagine d’ordinaire, il ne laisse pas de nourrir assez, sur tout dans un tems comme celui du Carême, où un aliment qui engraisse & qui donne de l’embonpoint, n’est pas ce qu’on doit rechercher.

Les Orientaux font du pain de ris ; mais comme ce pain est assez désagréable par lui-même, ils y mêlent du ségle & du millet, pour le rendre meilleur. Ils font aussi un vin de ris, qui est d’un blanc ambré, & d’un goût aussi bon que le vin d’Espagne. Ce vin porte aisément à la tête, & enyvre plus fortement que les autres vins. Les Chinois en font leur boisson ordinaire.

Nous ne sçaurions guéres nous dispenser dans cet Article des grains, de dire quelque chose du pain, dont le choix est si necessaire en Carême : car comme le poisson, les herbages, &c. nourrissent moins que la viande, il arrive que le pain produit alors en nous plus de chyle & plus de sang, & devient par consequent plus capable de nous faire du tort ou du bien, selon