Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/170

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racine, connue en quelques Provinces sous le nom de Giroles, est fort en usage sur les tables pendant le Carême. Elle n’a rien de mal sain ; elle rassasie beaucoup ; mais elle ne nourrit pas de même, quoi-qu’en dise l’Auteur du Traité des Dispenses, qui se proposant toûjours de persuader que le maigre nourrit plus que la viande, voudroit faire entendre que le chervis seul est une nourriture capable de rétablir la nature la plus usée & la plus abbatuë. Pline rapporte que Tibere faisoit venir tous les ans pour sa table, des chervis d’Allemagne ; sur quoi nous observerons que nos chervis sont fort differens de ceux de Tibere. Les chervis que ce Prince faisoit venir d’Allemagne étoient amers[1], & si amers, qu’il falloit emploïer le miel pour les adoucir[2]. Les nôtres, au contraire, sont si doux, que cette douceur les rend quelque-fois dégoutans. On prétend que Tibere ne mangeoit des chervis, que pour s’exciter à la débauche ; & quelques-uns concluent de-là que les chervis sont dangereux à la continence ; mais quand il seroit vrai que Tibere aurait réüssi dans son dessein, en mangeant des chervis, & qu’il n’au-

  1. Plin. Hist. Natur. lib. 19. c. 5. Voïez Schroder, qui en décrivant le Chervi, dit aussi qu’il est amer.
  2. Plin. ibid.