Aller au contenu

Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/171

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

roit pas plûtôt dû ce honteux succés à la maniere dont on les lui préparoit[1], il ne s’ensuivroit pas qu’on dût accuser nos chervis du même vice, puisqu’ils sont differens de ceux dont usoit ce Prince. Un Ancien disoit que ces racines étoient bonnes à l’estomac en une chose ; c’est qu’on en étoit bientôt las, & qu’on n’en pouvoit guéres manger plus de trois[2]. Il n’est pas seur que les chervis dont il parloit, fussent de la même espece que les nôtres ; mais cela n’empêche pas que nous n’en puissions autant dire de ceux qui sont en usage parmi nous. Heraclides, au rapport de Pline, donnoit le chervis comme un antidote contre le mercure. Il le donnoit encore aux convalescens & aux impuissans pour rappeller la chaleur naturelle ; mais c’étoit le chervis amer ; & c’est de celui-là dont parle Schroder, quand il dit que le chervis est un peu astringent, qu’il est bon contre la pierre, &c. Le nôtre, qu’on appelle vulgairement la racine sucrée, à cause de sa douceur, n’a d’autre qualité connuë, que celle de fournir une nourriture innocente. On mange ordinairement

  1. On les apprêtoit avec du vin & du miel. Plin. Hist. Nat. lib. 19. cap. 5.
  2. Hisecius ideò stomacho utile videri dixit, quoniam nemo tres siceres edendo continuater. Plin. lib. 20. cap. 5.