Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/195

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

& des rapports. L’Auteur du Traité des Dispenses prétend recommander les épinards, en faisant remarquer « qu’ils sont verds toute l’année, & qu’ils resistent aux plus rudes hyvers : ce qui fait voir, à ce qu’il dit, le juste mélange de leurs principes, & le peu de pente qu’ils ont par eux-mêmes à la corruption ». Mais cette raison iroit à recommander des poisons mêmes. Ce qu’il ajoûte de la vertu qu’ont les épinards, de tenir le ventre libre, merite d’être remarqué. Les épinards, dit-il[1], « accommodent les mauvaises poitrines, temperent les ardeurs de la fiévre, & conviennent dans la plûpart des maladies ; mais, réprend-il, une qualité superieure à tout cela, c’est celle-ci. On sçait la difficulté qu’il y a de conserver le ventre libre dans certains temperammens, dans certaines infirmitez, & dans certains âges. Un ventre trop resserré dans des personnes saines d’ailleurs, devient une maladie, ou en attire de trés-fâcheuse. Or les épinards deviennent un excellent laxatif dans tous ces cas. C’est même une vérité, connuë & pratiquée[2] depuis long-tems en Allemagne, où on prépare des tourtes d’épinards fort loüées pour lâcher le ventre. C’est donc un remede innocent & domestique, qui

  1. Pag. 93. de la 1e. édit. & p. 177. de la 2e. t. 1.
  2. C’est le terme de l’Auteur.