Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/208

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tant plus qu’encore que les Grecs aïent juré par le chou, comme par quelque chose de sacré, que Caron en ait chanté les loüanges dans un Livre exprés, & qu’il lui ait attribué la vertu de guérir & de prévenir toutes les maladies : cette plante ne laisse pas d’être fort au dessous des éloges qu’on lui a donnez, & de contenir un fort mauvais suc, de produire par une qualité qui lui est propre, des humeurs mélancoliques, & d’appesantir l’esprit, quand on en mange trop souvent : c’est ce que l’observation a découvert, & ce qu’a remarqué le sçavant Pierre Gontier[1], dont l’Anonyme fait neanmoins profession de suivre les sentimens.

Nous ne croïons pas pouvoir mieux

  1. Est autem tanta Brassicæ laus & commendatio, ut à multis Medicina quædam universalis statuatur. Cujus miras laudes toto uno volumine Cato cecinit. Summam denique authoritatem ubique terrarum brassicam obtinuisse certissimum quidem est, adeò ut ἰερὰν, id est Sacram Græci quidam vocaverint, alii per brassicam juraverint. Sed ut verum fatear, nescio quo suo merito tot tantaque encomia adepta sit, cum improbi fit succi & graveolentis, sola ex omnibus oleribus acram bilem peculiariter generet ; & in cibo crebriori, anima gravitatem faciat. Quare ridiculum est credere Romanos sexcentis annis Brassicæ Medicinâ tantùm usos, quo temporis spatio, si quæ viguit in his sanitas, eorum frugalitati potius accepta referenda est. Siquidem luxus & gula nondum invaluerant. Petrus Gont. lib. 6. cap. 8. De cibis ab oleribus peritis.