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Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/227

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joindrons à l’observation de cet illustre Medecin, l’exemple suivant, dont nous avons été témoin, il n’y a pas long-tems, avec plusieurs personnes de consideration. Une Dame fort infirme, qui avoit lû dans le Traité des Dispenses, que, selon de sçavans Medecins, la santé de l’homme seroit plus affermie, si on faisoit un plus grand usage de pommes, crut sur ce témoignage, ne pouvoir mieux faire pour affermir sa santé chancelante, que de se mettre à manger beaucoup de pommes, & sur tout, de pommes cruë conformément à ce qui est dit au même Traité, dans le ch. 24. de la première Partie, sçavoir, que les fruits n’ont besoin d’aucune préparation, & qu’ils sont excellents au sortir des mains de la nature, sans cuisson & sans art, pourvû qu’ils soient bien choisis et bien meurs[1]. Elle eut donc soin pendant quelques jours de manger beaucoup de pommes cruës ; mais des meilleures & des plus meures, se persuadant qu’avec cette précaution elle alloit vivre aussi sainement que les premiers hommes, dans le Paradis Terrestre. Elle ne fut pas long-tems dans l’erreur ; de fréquentes palpitations de cœur qui lui survinrent, & dont elle n’avoit jamais ressenti aucune attaque, la désabuserent bien-tôt. Elle renonça donc pour jamais à son

  1. Pag. 169 de la 1e. édit. & p. 304 de la 2e. tom. 1.