Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/231

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Qui osera aprés cela médire des pommes ? Mais revenons à cette pensée, que les pommes ne sauroient être difficiles à digerer, puisqu’elles nagent sur l’eau, ou, pour ne rien changer dans les termes de l’Auteur, puiqu’elles surnagent sur l’eau, marque certaine, nous dit-il, de la tenuité de leur substance, qui fongueuse et legere, doit ceder volontiers à toutes les triturations, qui doivent la cuire. Sur ce pied-là, les Champignons, qui sont si fongueux, & qui flotent si bien sur l’eau, vont devenir d’une digestion facile. La graisse de la viande sera préferable à la viande même, & de toutes les parties des animaux, les poumons seront celles qu’on digerera le mieux. Mais quand une chose va sur l’eau, n’est-ce pas une marque de la tenuité de sa substance, & une preuve, par consequent, qu’elle se doit digerer facilement ? Il faut l’avoüer, on ne peut resister à une telle démonstration ; & si l’Auteur du Traité des Dispenses est Medecin, comme il le veut insinuer dans sa Préface, il fera fort sagement de conseiller dorénavant à ses malades d’abandonner la chair du poulet, comme trop pesante, & d’en choisir la plume, comme plus legere, à moins qu’il ne trouve plus à propos de leur faire apprêter du liege, comme