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Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/270

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ve qu’elles fournissent un suc plus exalté plus déploïé que celui des pommes & des poires ; puisque l’Auteur, qui ne défend pas les fruits à collation, y défend les racines, comme capables d’exciter les passions, & de faire fermenter le sang. D’un autre côté, il nous propose, pour imitation, l’exemple des Solitaires, qui ne vivoient que de racines. Voilà une énigme difficile à expliquer.

2o. On croit, poursuit-il[1], « les panais des plus contraires à ceux qui ont à vivre dans la continence ; jusques-là qu’on les tient capables de gagner & de corrompre les cœurs[2] qualité, sans doute, peu convenable à l’esprit du Carême : ce soupçon leur vient de la grande vertu qu’ils ont de pousser par les urines : en effet, tous les diuretiques un peu forts, soit par leur acreté, soit en déterminant le sang, & les esprits vers les parties basses, sont sujets à troubler l’imagination, ou à remuer les sens : comme cette vertu diuretique se remarque, sur tout, dans le panais sauvage, ce sera le panais sauvage dont les personnes sages auront à se garder. »

3o. « On a reconnu, ajoûte-t-il encore,

  1. Pag. 77. de la 1e. édit. & p. 130. de la 2e. tome 1.
  2. Il y a dans la seconde édition : Comme s’ils étoient capables de gagner ou d’attendrir les cœurs. L’Anonyme, comme on voit, est heureux en expressions énergiques.