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Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/28

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pre à reparer en nous ce baume de vie, ne doit être ni trop terrestre ni trop aqueux : s’il est trop terrestre, il ne sçauroit fournir aux dissolvans de nôtre corps, des parties assez souples pour pouvoir être mises en œuvre ; & s’il est trop aqueux, il n’en sçauroit donner qui aïent assez de consistance pour recevoir les impressions necessaires. Il ne doit pas non plus avoir des principes trop actifs, autrement il agit lui-même sur les principes qui le doivent changer, & il ne passe en nôtre nature qu’aprés l’avoir considerablement alterée. Suivant ces reflexions, il est aisé d’appercevoir que la nourriture la plus convenable à l’homme, consideré dans son état present[1], ne sçauroit être les legumes, les herbages, les racines, les fruits, les poissons[2] ; la terre domine dans les legumes, l’eau dans les herbages & dans les poissons, tous les deux dans les racines ; la terre dans quelques fruits, l’eau

  1. Les hommes avant le déluge, étaient d’une autre constitution que nous, soit qu’on suppose avec l’Auteur du Traité des Dispenses, qu’ils venoient de germes autrement fabriquez que les nôtres ; car c’est ce qu’il dit pag. 49. & 50. de la premiere édition, & pag. 85. de la seconde, tom. I. soit qu’on suppose que la nature se soit affoiblie, comme on le verra plus bas.
  2. Considerez dans l’état présent, car avant le déluge ils étoient plus sains, comme nous le remarquerons dans la suite.