Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/287

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& ces fruits, que l’homme mangeoit autre-fois, ces fruits & ces legumes, que l’Auteur de son être, si attentif sur ses besoins, lui avoit donné comme ce qui lui convenoit le mieux : car, tel est le langage de l’Anonyme, ces fruits, préferables à la viande, & même aux poissons, se trouvent suspects d’un aigre secret, qui les rend bien moins propres à l’homme que le poisson. Mais laissant à part cette contradiction, voïons ce qu’on ajoute : la viande, nous dit-on, est pleine d’un soufre & d’un volatil, souvent trop actif ; au lieu que ce que le poisson fournit de volatil, est moderé par l’abondance d’un suc doux & moëleux. On devoit dire, noïé par l’abondance d’un suc insipide & aqueux : car c’est-là proprement la qualité du suc qui se trouve dans le poisson : le suc veritablement savoureux & moëleux, est celui de la viande : nous en appellons au goût, le meilleur juge qu’on puisse consulter en cette rencontre. Le suc du poisson, continuë l’Anonyme, est de la nature d’une lymphe, ou d’une gelée legerement épaissie, comme seroit celle qui entretient la vie : il est ami de tous les visceres, proportionné à toutes les liqueurs de nôtre corps, analogue aux esprits mêmes. Cela est facile à dire, & difficile à prouver : on a pris le parti