que l’on a, de ne pas préferer les poissons à toutes les autres nourritures, c’est que ces animaux ne sont pas aussi stupides que l’on croit. « Anciennement, dit-il, on les[1] avoit appris à divertir l’esprit & la vûë : on étoit parvenu à les apprivoiser de maniere, que les uns venoient manger dans la main de ceux qui leur présentoient certains appas ; d’autres se montroient quand on les appelloit par leur nom : car ils avoient chacun le leur. On avoit sçû dresser jusqu’aux anguilles, à porter des pendans d’oreille. Ainsi, qui le croiroit ? le poisson, l’animal de tous le plus dénüé de sagacité naturelle, pût, à l’aide d’un instinct trés-borné, entretenir des plaisirs innocens jusques-là même, que des Cesars ne dédaignerent pas de s’y délasser[2]. Quel étrange préjugé a donc saisi les esprits ! & pourquoi, aprés tant de marques d’estime & de préference, les poissons sont-ils aujourd’hui, ou negligez, ou meprisez par la plupart du monde, & par les Medecins mêmes ? Les croiroit-on une nourriture trop commune ? mais, &c. »
Que répliquer à une raison si judicieuse ? La plainte n’est elle pas juste ?