Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/290

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Quoi ! les poissons, qui passent pour avoir un instinct si borné, ont neanmoins tant de sagacité naturelle, qu’on a autre-fois dressé des anguilles à porter des pendans d’oreille, & on négligera de manger des poissons, ne faut-il pas être dépourvû de bon sens pour cela ? Les croiroit-on une nourriture trop commune ? mais Pythagore, répond nôtre Auteur, la défendoit à ses Disciples, comme trop délicate[1]. « Dira-t-on que le poisson est mal-sain, de mauvais suc, phlegmatique, sujet à se corrompre ? mais on sçait, au contraire, que rien n’est si sain que le poisson. » Ce sont-là des preuves, s’il en fut jamais, & la derniere va de pair avec celle que nous avons vûë plus haut, au sujet du chou. On accuse le chou d’être nuisible à la vûë ; mais c’est injustice, puisqu’on le croit propre à la fortifier.

  1. La vraie raison de cette défense, c’est que Pythagore croïoit qu’il y avoit quelque chose de divin dans le poisson. Ascens. in Aulu-Gell. cap. 11.