Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/295

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que la chair du cerf, par exemple, est bonne pour préserver de la fiévre, parce que cet animal passe pour ne l’avoir jamais. Ce sentiment a eu grand cours autre-fois[1] ; mais il n’en est pas moins absurde, & c’est avec raison que de célébres Medecins l’ont traité de vision. Quid de figmento quarundam principum fœminarum, quæ omnibus diebus matutinis carnem cervinam degustare solitæ erant, teste Plinio, ut se se tutas à febribus tuerentur : quia scilicet didiscerant febrium morbos non sentire hoc animal[2].

Quant à la longue vie, il n’est point vrai que le poisson vive des siécles entiers. Il y en a qui ne vivent que deux ans ; & de tous ceux que nous mangeons, on ne connoît guéres que le brochet, dont la vie s’étende jusqu’à cent ans, si tant est qu’on doive là-dessus s’en fier à ce que disent quelques Auteurs. Or cela suffit-il pour donner droit d’avancer qu’une des choses qui rendent le poisson recommandable parmi les alimens, c’est qu’il vit des siécles entiers. De plus nous remarquerons bien-tôt, en parlant des poissons en particulier, que ce n’est point par la

  1. Plin. lib. 8. cap. 32.
  2. Petrus GOntier, lib. 10. cap. 10 de cibis qui ex carnib. sumutur. Voïez aussi Nonnius, de re Cibar. lib. 2. cap. 10.