Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/308

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poisson a besoin, une élixation douce, & semblable à la chaleur naturelle, lui suffit, dit l’Auteur. Mais sans objecter la maniere dont on prépare le Thon, & plusieurs autres poissons, comment nôtre Auteur peut-il supposer que la viande ait besoin d’un feu sec & immédiat ; lui qui dit à la page 289. qu’elle est plus saine & plus nourrissante boüillie que rôtie. Le poisson n’a pas besoin d’un feu sec & immédiat ; pourquoi donc conseiller aux temperammens foibles, les poissons rôtis, comme on le fait à la page 255. du même Traité, où on prétend que les personnes délicates doivent manger le poisson sortant de dessus le gril, & au gros sel ? Le feu du gril est sans doute un feu sec & immédiat, assez peu semblable à la chaleur naturelle du corps. Mais laissons ces contradictions, ausquelles il est inutile de nous arrêter. Examinons le principe de l’Auteur.

Un aliment est d’autant moins convenable, qu’il y faut plus de préparation, & d’autant meilleur, qu’il se peut manger sans cuisson & sans art. Que vont donc devenir les grains dont on fait le pain, & que nôtre Auteur regarde comme les alimens les plus naturels à l’homme ? Par combien de préparations ne faut-il pas que ces