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Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/309

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grains passent pour pouvoir devenir notre nourriture ? La viande en demande-t-elle autant ? Il faudra donc dire que ces grains ne seront un aliment naturel qu’à ceux d’entre les animaux qui les mangent crus. Que vont devenir les poissons même, puisqu’à la reserve des huitres, des anchoyes, & des harengs, qui sont bons cruds, ils ont besoin d’être préparez par le feu. Que deviendra la carpe, entr’autres, que nôtre Auteur, comme on le verra dans un moment, dit être destinée par la Providence divine pour l’usage de l’homme ? Elle ne sera donc plus propre qu’à servir de pâture au brochet, qui s’en accommode fort bien, comme elle est au sortir des mains de la nature, sans cuisson & sans art.

Mais pour revenir au bled, il faudra donc, ainsi que nous venons de dire, le regarder comme la nourriture la moins naturelle à l’homme, n’y en aïant aucune qui demande plus de préparations. La viande n’a besoin que d’être rôtie ou bouillie ; les pois & les féves se mangent simplement boüillis ou frits ; mais pour le bled, il faut le moudre, le détremper, le paîtrir, le faire fermenter, le mettre au four ; & s’il lui manque quelqu’une de ces préparations, il est plus capable de faire du mal, que de nourrir : personne ne