Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/335

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ce qui se rencontre en peu de poissons. Il est bon à l’estomac, agréable au goût, & ne se corrompt pas aisément[1]. Le foye du Surmulet est regardé par quelques-uns, comme un bon morceau ; & anciennement il étoit trés-recherché[2]. On fait avec les œufs de ce poisson, comme avec ceux de l’esturgeon, du loup marin, du thon, la Boutargue de Provence, si propre à exciter l’appetit. Dioscoride prétend que le trop fréquent usage du Surmulet, affoiblit la vûë ; & Pline, qu’il est contraire aux nerfs ; mais y a-t-il quelque viande dont l’excès ne soit nuisible ? Ce poisson se mange ou rôti, ou à l’étuvée, ou au court-bouillon. Il est sain de toutes ces manieres, pourvû qu’il soit sagement assaisonné. On trouve dans la tête du Surmulet, une pierre qui a la même vertu que celle qui se tire de la tête des écrevisses. Il y a peu de poissons dont on ait fait plus de cas dans l’Antiquité que de celui-ci, & c’est quelque chose d’inoüi, que le prix qu’il coutoit. Nous avons rapporté plus haut l’Epigramme de Martial, adressée à Calliodore, qui, pour acheter un de ces poissons vendit un Esclave.

  1. Xenocrat. apud Oribas. Voïez Nonnius, de re Cibar. l. 3. c. 27.
  2. Nonn. ibid.